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robert frank

mardi 1 septembre 2009

si on prend ...

Sculpture de Stanko Kristic à Cordes sur ciel (81)









si on prend ce qu'on peut voir -
les machines qui nous rendent fous,
ceux qu'on aime qu'on finit par haïr ;
ce poisson au marché
qui contemple nos esprits ;
les fleurs qui pourrissent, les mouches prises dans les toiles ;
les émeutes, les rugissements des lions en cage,
les clowns amoureux des dollars,
les nations qui déplacent les gens comme des pions ;
les voleurs le jour avec de belles
femmes la nuit et de beaux vin ;
les prisons surpeuplées,
les chômeurs ordinaires,
l'herbe roussie, les petits incendies ;
les hommes assez âgés pour aimer la tombe.

Ces choses, et d'autres, par leur nature
montrent la vie en équilibre sur un axe pourri.

Mais elles nous laissent un peu de musique
et un spectacle corsé dans un coin,
une bouteille de sctoch, une cravate bleue,
un mince recueil de poèmes de Rimbaud,
un cheval qui galope comme si le diable lui tordait la queue
sur la prairie et qui hurle, puis,
aime de nouveau comme un tramway qui tourne le coin à l'heure,
la ville qui attend,
le vin et les fleurs,
l'eau qui marche sur le lac
et l'été et l'hiver et l'été et l'été
et l'hiver de nouveau.

Charles Bukowski (in "Avec les damnés")

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